La FNSEA souhaite la transition mais pas au détriment des agriculteurs
Adaptation au réchauffement climatique, poids des normes et élections… La FNSEA a présenté ses vœux pour 2024 dans ses locaux à Paris mercredi 10 janvier 2024.
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« La transition agroécologique aura un coût. Le sujet, c’est : qui va la payer ? » Pour les vœux de l’année 2024, le ton de la FNSEA est donné. Le syndicat agricole majoritaire a rappelé, par la voix de son président Arnaud Rousseau, les défis de l’agriculture pour la nouvelle année dans ses locaux le mercredi 10 janvier 2024.
Alors que d’importantes intempéries ont marqué l’année 2023 (les sécheresses dans le Sud, la tempête Ciaran dans l’Ouest et les inondations récentes dans le Pas-de-Calais), la FNSEA enjoint à un « soutien rapide face à des évènements climatiques hors normes » pour aider les agriculteurs, « en première ligne du défi climatique ».
Adaptation au changement climatique
En cause, le récent apport de 80 millions d’euros d’aide exceptionnelle de l’État dont 60 millions seraient consacrés à l’investissement. « Les agriculteurs ne se posent même pas la question de l’investissement pour l’instant », s’exclame Arnaud Rousseau, se faisant l’écho de certains agriculteurs qui ne savent déjà pas s’ils termineront l’année. Le président de la FNSEA craint « un problème assurantiel majeur » dans les prochaines années face à la multiplication des événements climatiques extrêmes.
La pluviométrie importante des derniers mois témoigne du « sens de stocker de l’eau lorsqu’elle est en excès », poursuit-il en référence au conflit sur les réserves d’eau de Sainte-Soline. « Face au changement climatique, il faut trouver des solutions pérennes », a appelé Arnaud Rousseau qui se réjouit de la signature du décret sur les eaux usées. Trouver des solutions alternatives aux produits phytosanitaires relève aussi d’une « course contre la montre ».
Si la transition écologique apparaît en filigrane des futurs défis agricoles de la FNSEA, le syndicat a quand même fait pression pour annuler et réduire diverses propositions environnementales lors de l’année écoulée. Après la mobilisation des forces locales, la hausse des redevances sur l’eau et la pollution diffuse ont été enterrées par l’ex-Première ministre. Une décision saluée par la FNSEA qui s’inquiète de la hausse des charges des exploitants, aussi victimes de l’inflation.
Simplification administrative
Alors que le bras de fer des négociations commerciales est en cours, le syndicat majoritaire a appelé à veiller au respect du caractère non négociable du prix des matières premières. Dans le viseur également, la promesse du nouveau Premier ministre Gabriel Attal d’une « simplification drastique de la vie de nos entreprises » lors de son discours de passation de pouvoirs à Matignon, mardi 9 janvier.
« Alléluia », lui répond Arnaud Rousseau. La multiplication de normes empêcherait les agriculteurs de pouvoir réellement s’investir dans leur travail et notamment dans la transition agroécologique, s’exaspère le président de la FNSEA.
Élections en vue
Au niveau politique, l’année 2024 sera chargée pour le syndicat majoritaire qui envisage de préparer les élections européennes. « Échéance majeure » pour le monde agricole car 30 % du budget européen est affecté à l’agriculture. Le défi étant de trouver des députés spécialisés sur les sujets agricoles « quel que soit le parti ».
Mais le calendrier électoral de l’année sera surtout porté sur les élections professionnelles aux chambres d’agriculture en janvier 2025. Dans les starting-blocks, la FNSEA commence, avec les Jeunes Agriculteurs à défendre son bilan de cinq années au pouvoir et préparer un projet « porté par des solutions ». « Les sujets agricoles de la décarbonation, de la biodiversité ou de la baisse des produits phytosanitaires auront leur place si on y réfléchit avec les agriculteurs et pas contre eux », recommande Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA.
Face aux défis du réchauffement climatique et de souveraineté alimentaire, « reprendre notre destin en main, ça nous va bien », a déclaré Arnaud Rousseau, en clin d’œil au discours du nouveau Premier Ministre. Gabriel Attal avait appelé les Français à « garder le contrôle de notre destin ».
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